Sertissage des pierres : l’Art de la précision

Lorsque nous créons nos pièces à notre atelier, nous sommes confrontés à tout un ensemble de décisions à prendre, l’une d’entre elles étant la façon de sertir une pierre précieuse sur son bijou. Cet artisanat ancestral, communément appelé le sertissage des pierres, est effectué par le sertisseur. Il s’agit d’une tâche particulièrement complexe qui requiert des connaissances en gemmologie, un savoir-faire en taillage et en polissage, ainsi qu’une maitrise de l’orfèvrerie. Les sertisseurs se doivent de pouvoir effectuer un travail précis et sans faille afin de créer la pièce parfaite. Ils travaillent régulièrement avec des pierres ayant un diamètre inférieur au millimètre ainsi qu’avec certaines gemmes pouvant valoir plusieurs milliers d’euros. Dans cet article, nous allons vous introduire à cet art millénaire, passant de son évolution à travers le temps jusqu’à la façon dont nous le pratiquons aujourd’hui à l’atelier KLENOTA.

Comment le sertissage des pierres a-t-il évolué au fil du temps ?

La joaillerie était déjà pratiquée à l’ère de la préhistoire. En cette époque reculée, les bijoux demeuraient relativement rudimentaires, se déclinant sous la forme d’os et de bâtons de bois. Au fur et à mesure du temps, l’Homme a appris à travailler les métaux, ce qui permit la création des tout premiers bijoux composés de bronze, de fer, d’argent et d’or. Au début, ces derniers ne consistaient qu’en de simples feuilles de métal ornementées de fils. Mais rapidement, la technique du travail du métal devint de plus en plus avancée jusqu’à la maitrise de la fonderie qui est encore au cœur de la création de bijoux à ce jour. À partir de cette révolution technologique, les pièces de joaillerie pouvaient désormais être décorées de fils métalliques ondulés, de perles, de gravures, parmi d’autres ornements.

L’élément le plus distinctif d’un bijou demeura cependant toujours sa pierre centrale qui symbolisait généralement l’ordre spirituel. Les croyances plaçaient en toute une variété de minéraux diverses vertus, comme celle de protéger contre les influences maléfiques, mais également maintes symboliques, associant à certaines pierres des divinités en tous genres. Nous connaissons de telles premières pièces remontant à l’Antiquité. Par exemple, la joaillerie Égyptienne sertissait les pierres sur des bandes métalliques. Les plus populaires d’entre elles étaient le jaspe, la cornaline, la malachite, le quartz, mais aussi le lapis-lazuli royal ainsi que la turquoise. La couleur était directement associée à la royauté sous l’Égypte Antique. Les pierres étaient par la suite généralement polies en cabochon. D’autres minéraux étaient déjà connus de cette époque, mais ces derniers se trouvaient fréquemment substitués par du verre coloré, étant donné le fait qu’ils étaient trop délicats à travailler.

Le premier grand essor du sertissage des pierres

La constitution du sertissage comme un artisanat à part entière n’apparut que plus tard dans l’histoire de l’humanité, plus précisément dans l’Italie médiévale du XIVème siècle. Le Moyen-Âge fut une période sombre, marquée par la pauvreté, la maladie et la guerre. C’est la raison pour laquelle les pierres précieuses et les bijoux forgés dans les métaux précieux ne demeuraient que la prérogative de la noblesse et de l’Église qui se paraient d’une joaillerie ornementée de jaspes, de grenats, de saphirs et d’émeraudes.

Au fil du temps, les bijoux sertis devinrent cependant accessibles à la classe moyenne. L’ère Victorienne (seconde partie du XIXème siècle) plaça l’accent sur la beauté des perles, des agates et des onyx noirs. Sous la période de l’Art Nouveau (fin du XIXème siècle, début du XXème), les perles étaient toujours populaires au même titre que les diamants transparents, les améthystes et les aigues-marines. Le mouvement Art Déco (années 1920-1930) se concentra quant à lui sur la géométrie et donna naissance à de nombreuses coupes nouvelles, telle que la fameuse coupe carrée. Les minéraux transparents étaient également alliés à d’autres variantes opaques, comme par exemple les diamants avec les onyx, étant donné la faveur accordée aux assemblages contrastés. La découverte de technologies et de coupes nouvelles permit le perfectionnement du sertissage en général. Pour la première fois, le sertissage de pierres en pavé se développa en engendrant des bijoux qui semblaient recouverts de fluides rubans de pierres précieuses. 

Le sertissage des pierres comme un Art

La joaillerie contemporaine peut aujourd’hui être sertie d’une multitude de façons. Parfois la pierre est maintenue en place par des griffes, tandis que sur d’autres pièces elle se trouve être incrustée directement dans le métal, ou encore stabilisée par une bande métallique épousant son contour. Il peut être facile de considérer que le type de sertissage des pierres n’est qu’une question de préférence esthétique, mais les motivations de son choix sont en réalité bien plus subtiles. La méthode de sertissage se doit avant tout d’être fonctionnelle (à savoir remplir sa fonction) et de servir les pierres de telle façon à souligner leurs qualités du mieux que possible. Le type de minéral, sa fragilité, sa façon de se fendre, sa transparence, sa taille, la symétrie de sa coupe et la variante de métal à sertir sont autant de paramètres à prendre en compte lors de la sélection de la méthode de sertissage.

Ces informations sont primordiales et elles influencent les outils que choisira le sertisseur afin d’éviter d'abîmer la pierre. Certains minéraux se rayent facilement tandis que d’autres ont tendance à se fendre comme de rien. Nous pouvons notamment mentionner les moldavites et les émeraudes qui ne peuvent tout simplement pas être serties de n’importe quelle façon. Qui plus est, un sertisseur doit également évaluer la meilleure manière de sertir la pierre afin d’occulter ses éventuelles imperfections.

Comment le sertisseur choisit-il une coupe de pierre ?

Les sertisseurs travaillent avec deux types de pierres polies : Les cabochons et les pierres facettées, chacune d’entre elles étant adaptée à divers minéraux.

Le facettage est adapté aux variétés de pierres transparentes pour lesquelles nous souhaitons souligner leur éclat. Nous atteignons cet objectif à l’aide de surfaces individuelles (appelées facettes) qui permettent de concentrer la lumière à l’intérieur de la pierre et d’amplifier l’intensité de sa réflexion. L’effet final est celui d’un minéral qui semble briller de l’intérieur. La partie essentielle de la pierre pour un facettage réussi est appelée la gaine. Il s’agit de la circonférence la plus large lorsque le minéral est observé du dessus et qui permet de séparer sa partie supérieure de sa partie inférieure (respectivement la couronne et la pavillon). La gaine délimite le périmètre de la pierre et l’on peut la conceptualiser comme une ceinture entourant sa taille. La gaine est de surcroît la partie stratégique permettant d’assurer que la pierre demeure fermement en place.

La coupe cabochon est quant à elle adaptée aux pierres opaques telles que les agates, les opales, les onyx et les turquoises. Cette coupe possède une base plate qui sert de socle à sa forme convexe ronde ou ovale. Elle sert aussi à atteindre l’effet Œil-de-Chat qui permet à la pierre de briller de mille feux. Une coupe cabochon peut aussi être utilisée sur les labradorites, ainsi que sur les pierres de soleil et de lune qu’elle permet de particulièrement sublimer.

La clef d’une pièce de joaillerie parfaite réside donc en ce que sa pierre soit parfaitement insérée dans son socle. Afin d’atteindre ce haut niveau de perfection, KLENOTA choisit avec exigence chaque pierre à sertir en fonction des qualités optiques, des dimensions et du volume de sa coupe de base. Si le minéral venait à être trop large ou trop petit, il se pourrait qu’il ne mette pas amplement en valeur le bijou, finisse par déprécier la beauté esthétique de ce dernier ou par sortir de son socle avec l’usure du temps. C’est la raison pour laquelle l’atelier de bijoux KLENOTA n’accepte pas de pierres à sertir fournies par sa clientèle. Étant donné que notre but ultime est la qualité, la perfection et la satisfaction de nos clients, nous ne serions en mesure de l’assurer dans de telles circonstances.

Les différents types de sertissage

Le sertissage à griffes

Les griffes en métal permettent de maintenir en place la pierre et de la protéger dans une certaine mesure. La plupart des pierres se trouvent sécurisées par 4, 5, 6 ou encore 8 griffes. Les griffes peuvent être uniques, doublées, rondes, pointues ou plates. Nous rencontrons également bon nombre de sertissages composés de trois griffes qui sont particulièrement adéquats pour la coupe trillion mais aussi pour la coupe cabochon. Certaines griffes ont une plus grande force de maintien que d’autres. Le choix du nombre de griffes dépend tantôt du design du bijou tantôt de la taille et de la forme de la pierre à maintenir en place. Sur chaque griffe nous retrouvons également une encoche sous laquelle la pierre doit parfaitement se placer. L’angle de l’encoche doit être calibré de façon adéquate en fonction de la taille de la pierre, être exactement le même sur toutes les griffes et ne pas être taillé trop profondément afin d’éviter que la griffe ne se casse. Une fois que la pierre est placée dans son socle, la partie supérieure de la griffe est repliée sur la gaine avec suffisamment de pression afin de prévenir un éventuel décrochage ou une rotation de la pierre dans son socle. Enfin, les griffes sont ajustées à la même taille, coupées puis polies.

Ce type de sertissage est particulièrement adéquat pour les solitaires, à savoir les larges pierres centrales qui demeurent les vedettes du bijou. Le véritable avantage du sertissage à griffes réside en ce qu’il permet à la lumière de pénétrer la pierre de toute part et de souligner l’intensité de sa nuance et de son éclat. Ainsi, la gemme brille de mille feux.

Les griffes se déclinent en une grande variété de longueurs et d’épaisseurs, en fonction du type de bijou et du volume des pierres à sertir. De façon occasionnelle, une griffe peut diminuer en pression exercée sur la pierre si, par exemple, elle vient à s’accrocher à un vêtement. C’est la raison pour laquelle nous vous conseillons de faire inspecter vos bijoux régulièrement. Si vous vous apercevez que les griffes ne sont plus fermement appuyées contre la pierre de votre bijou, il sera préférable d’arrêter immédiatement de le porter et de nous l’apporter au plus vite. Chez KLENOTA, ce service sera gratuit dans le cadre de la garantie de votre pièce.

Le sertissage pavé

Sertir de petites pierres en pavé est idéal lorsque vous avez plusieurs minéraux taillés en brillant. Elles sont agencées les unes à côté des autres avec très peu de métal les séparant. Cette méthode est un art à part entière et ne peut être réalisée que par des sertisseurs aguerris. Ils percent de petits trous dans le bijou dans lesquels ils enfoncent les pierres afin de les maintenir en place. Les pierres serties selon ce procédé forment une surface scintillante qui confère au bijou l’impression de n’être formé que d’un simple assemblage de gemmes dépourvu de métal. La plupart des diamants sont par ailleurs sertis selon ce procédé.

La catégorie du serti à griffes inclut également une variante de sertissage, communément appelée la « technique grenat », et qui tire son origine de l’artisanat de République tchèque, initialement appliqué à ses fameux grenats nationaux.

Le sertissage en tension

Cette méthode constitue une façon originale et moderne d’inclure une pierre sur une bague au bénéfice d’un design minimaliste. Grace à la façon de sertir la gemme, n’utilisant que la simple pression de l’anneau entrouvert et refermé sur elle, cette dernière semble flotter entre l’espace du métal précieux. Afin que les sertisseurs puissent sertir une pierre selon ce procédé, ils doivent être particulièrement expérimentés. Ce type de sertissage est en effet sensible aux chocs qui pourraient soit causer le désencrage de la pierre ou sa fissuration. Cependant, son avantage réside en ce fait qu’il permet à la lumière de traverser la pierre librement et d’en sublimer l’éclat.

Le sertissage en rail

Vous trouverez également cette méthode de sertissage dans notre collection et ce dernier est des plus intéressants. Les pierres sont insérées dans l’espace d’une rainure, les uns à côté des autres, jusqu’au niveau supérieur de la bande de métal. Elles sont enfoncées en place en exerçant une pression sur leur sommet ou sur leur côté. Ce type de sertissage est généralement utilisé pour les coupes carrées ou rectangulaires pour lesquelles il permet de créer de remarquables pièces de joaillerie. Mais le sertissage en rail est également adapté aux coupes rondes. Son avantage est que la pierre demeure adéquatement protégée mais le bijou peut être plus difficile à nettoyer chez soi. Si vous n’osez pas effectuer cette tâche vous-même, n’hésitez pas à nous confier votre pièce. Le nettoyage de vos bijoux KLENOTA est gratuit et fait partie des services inclus dans votre garantie. Nous procéderons à un nettoyage en profondeur à l'aide de produits adaptés et d’une lumière UVC stérilisante.

Le sertissage clos

Il s’agit de la technique la plus communément répandue afin de sertir les cabochons. La gemme est sertie de telle manière afin qu’elle épouse parfaitement le contour de son chaton. Une fois en place, la bande métallique est légèrement repliée sur la pierre afin de la maintenir parfaitement en place. Ce procédé de sertissage est particulièrement sécurisé et permet d’empêcher dans la plupart des cas que la pierre vienne à s’échapper de son socle. Cette méthode est largement utilisée pour les cabochons car elle constitue la plus belle manière de maintenir en toute sécurité cette coupe particulière. Bien que la bande de métal ne permette pas à la lumière de pénétrer la pierre sur ses côtés, cela n’impacte pas substantiellement la beauté des pierres taillées en cabochon.

Le procédé serti clos fait probablement partie des plus anciennes techniques en joaillerie. Dans les anciens temps, les pierres étaient généralement polies en cabochons et cette méthode représentait le plus sûr moyen de les maintenir fermement en place. Nous retrouvons de nombreux sertis clos sur les joailleries royales du monde entier, comme par exemple sur la couronne de Saint Wenceslas qui est ornementée de petites pierres serties clos, symétriquement agencées. Chez KLENOTA, nous avons dédié une collection entière à cette technique artisanale intitulée Collection Bezel. Nous vous invitons à vous laisser enchanter par son design délicat et minimaliste.

Avant que la pierre soit sertie

Lorsque le bijou est créé, l’étape du sertissage de la pierre arrive en dernier instant et se pose comme la cerise sur le gâteau. La taille des bagues et leur alignement doivent être vérifiés. Une vérification est également nécessaire pour les boucles d’oreilles, au niveau de leurs fermoirs, de leur pré-polissage et de l’absence de pâte à polir à l’issue du polissage initial. Une fois la pierre correctement sertie, le sertisseur procède au polissage final de la pièce et, dans certains cas, à l’application d’une fine couche de rhodium plaqué ou encore à l’ajout de dernière minute d’une perle en guise d’ornement supplémentaire. Si le sertisseur insert une pierre d’une mauvaise taille sur une bague ou si la paire de boucles d’oreilles nécessite d’être resserrée, la pierre devra être retirée le temps des ajustements afin de prévenir son endommagement par le feu. C’est la raison pour laquelle chaque pièce créée dans notre atelier passe par un protocole d’inspection minutieux précédant l’étape du sertissage.

Comment le procédé de sertissage fonctionne

Après l’inspection du bijou, le sertisseur choisit les pierres adaptées, mesure les dimensions du bijou et forme des trous ou des rainures à sa surface. Dans la plupart des cas, il n’y a pas besoin de préparer le bijou à la main car ce travail est réalisé lors de la fonte du bijou en métal. Le sertisseur utilise ensuite une machine à fraiser afin de former et d’ajuster le socle sur lequel la pierre sera sertie. Il examine alors les différentes pierres à sa disposition afin de ne retenir que celles semblant les plus convenables et évalue la meilleure façon de les placer sur le métal. Enfin, vient l’étape finale du sertissage en tant que tel. Le bijou est maintenu en place afin que le sertisseur puisse exercer de la pression sans celui-ci ne bouge. Une fois que la pierre a été proprement sécurisée, elle doit être nettoyée et polie. Le polissage du bijou peut enfin être plaqué et, si nécessaire, ornementé de perles supplémentaires à l’aide de colle. À cette étape, le bijou est finalisé et est prêt à vous parvenir.